Transport aléatoire

Au Caire, il ne se passe guère de jour où l’on assiste à un spectacle cocasse, ou dramatique. Les camions qui perdent leur chargement sont fréquents, entraînant souvent d’énormes embouteillages. Pastèques, bouteilles d’eau, sacs de riz, de ciment,  raisins… j’aurais vu un peu toutes les marchandises traîner sur le Ring.

Cette camionnette ne déroge pas  la règle. Son chargement de sacs aura du mal à atteindre le Mokattam où les chiffonniers essaieront de valoriser ces déchets.

Petit matin tranquille

La circulation est souvent chaotique au Caire, quelquefois pour des raisons incongrues, et pour un rien, un bouchon se forme. Il est sept heures, les réseaux sociaux se réveillent. Conversation d’enseignants à l’approche de l’école de Smart Village.

Y : Bonjour mon bus vient juste de me prendre à Dreamland. Donc gros retard pour moi ce matin. Bus 22.

Mh : Gros bouchon à l’entrée de Smart.

M : Mehwar bloqué aussi.

A : Oui je confirme. On est le bus 35 et je vois le bus 54 juste devant nous. Retard probable ou arrivée pile-poil au mieux.

Mh : Passé la flaque d’eau ça se dégage…

Y : Pfff…

A : J’adore ce pays. C’est toujours des situations cocasses.

M : Il nous font détourner par Da2iri ! Accident sur Mehwar.

Y : Je suis maintenant bloqué dans un énorme bouchon sur la route Cairo-Alexandrie au niveau du pont du Mahwar. Ça n’avance pas, je vois le bus 53 et un autre dont je ne distingue pas le numéro.

L : Retard pour ma part aussi.

A : On est bloqué bien avant le Dandy Mall et il y a plein d’autres bus de l’école.

Y : Oui, donc je ne suis pas loin de A.

A : Haha ! Pareil, moi je vois le 47 et le 49 en plus du 54 et de notre 35.

A : Ça y est, nous avons passé le tsunami.

M : Je suis en plein dedans.

Y : Et moi encore très loin de Dandy.

L : Moi au niveau de Dandy, enfin…

Y : La petite flaque avant Dandy Mall, c’est ça le tsunami ? Où il y a autre chose ?

L : Nan Nan ! C’est ça le “tsunami”… Je m’attendais moi aussi à une vraie flaque d’eau….

Pour comprendre ce dialogue, il faut savoir que l’école est située près de la route Le Caire-Alexandrie, après le pont du Mehwar qui amène la circulation des banlieues ouest du Caire, après également le centre commercial Dandy Mall. Les élèves viennent tous en bus ou en voiture à l’école.

Le Caire se modernise

Au Caire, comme dans toutes les grandes villes, et peut-être même plus qu’ailleurs, la circulation est congestionnée. Pour lutter contre la pollution, le président incite la population à se déplacer en vélo.

C’est à mon sens suicidaire. Entre les taxi fous et la pollution, l’espérance de vie d’un cycliste cairote est très faible.

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Dans le but de réguler le traffic, on installe des radars, mais aussi des feux tricolores… que personne ne respecte. Il faut dire qu’au giratoire Victoria, ils ont été installés sur le rond point central, et ce dans le mauvais sens.

Très égyptien, ça.

Transports

Matin et soir, pendant une heure à chaque fois, je prends un minibus qui m’amène à l’école ou à la maison. La circulation est dense, brouillonne, dangereuse.

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J’y ai vu de nombreux accidents, quelquefois mortels, d’autre fois burlesques. Je pense à ce camion qui a renversé sur plusieurs dizaines de mètres des cageots de raisin, l’autre qui a perdu ses bouteilles d’eau ou à cette camionnette qui a perdu ses citrouilles. La route était ensanglantée, ce jour-là.

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Il y a eu des transports étonnants, zébus, dromadaires curieux, veau sur un scooter, ou encore ce transport de vélos. Peut-être y a-t-il une compétition cycliste quelque part ?

Sur le Nil

L’été est terminé au Caire et les grosses chaleurs sont derrière nous. La température ne dépasse pas 26° en ce moment. Il peut même faire frais le soir, sur les bords du Nil. Mais toujours pas de pluie depuis février.

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Ce soir, nous sommes allés en felouque nous retrouver sur le Nil. Nathalie, une collègue, quitte l’école, le pays. Elle a besoin d’euro et n’en trouve plus ici. Elle rentre travailler en France. On a sobrement fêté son départ autour d’un repas égyptien, loin des bruits de la ville.

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Soirée pleine de tristesse…

Les nouvelles d’ici

Côté égyptien, c’est la crise depuis notre retour, crise monétaire qui s’est aggravée depuis l’été. On ne trouve plus ni euro, ni dollar, ou à des taux rédhibitoires. Du coup, les prix s’envolent, surtout ceux des produits importés, de plus en plus rares.
Trouver une cartouche d’encre pour imprimante, par exemple, relève de l’exploit. Quant à un camembert, on n’a a pas vu l’ombre d’un depuis notre retour.
Le pays bruisse de rumeurs, manifestations de masse, nouvelle révolution, peut-être le deuxième vendredi de novembre. Des grands groupes ferment leur antenne locale, des expats quittent le pays…
A nous, il nous reste le tourisme en Egypte, pour dépenser nos livres tant qu’elles valent encore quelque chose.
Voilà donc les photos d’une sortie dans le sud du Caire, à un peu plus de 400 km, dans une des oasis du désert de Libye. C’est l’oasis de Bahariya, qui produit les meilleures dattes du pays, ce que nous pouvons confirmer. Elle est située à 140 mètres au-dessous du niveau de la mer.

Il y a le désert noir, lunaire, photos à voir en cliquant sur l’image…

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Et puis le désert blanc, encore plus au sud, interdit jusqu’à il y a peu. Une douzaine de mexicains y avaient péri il y a une année. Photos également en suivant l’image…

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Coup de chaud

Hier il a fait chaud. Un peu plus de 40°. Chaleur sèche qui ne nous a pas empêchés de sortir, running le matin, yoga le soir – je dis running, parce que si je dis course, des personnes pernicieuses pourraient m’imaginer dans un Mall climatisé à dépenser ma paie.

Mais ce matin la chaleur est bien installée. Quand il fait 45° en ville, la vie change un peu. Le ciel est terne, chargé en poussière. Lorsqu’on sort à l’extérieur c’est un peu comme lorsqu’on ouvre la porte du four pour vérifier la cuisson d’un rôti… sauf qu’on ne peut pas refermer la porte, sauf que le four est tout autour de nous. Une petite brise brûlante irrite  les yeux, les gestes se font mesurés.

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Habituellement la circulation en ville est fluide. Enfin tout est relatif car à certaines heures, sur certains ronds-points, il n’y a plus aucune solution pour défaire la congestion. Mais aujourd’hui ça coince. On n’avance guère. Par cette chaleur, le parc automobile cairote, pas toujours jeune, souffre, de nombreuses voitures ont fait un malaise et encombrent les chaussées, capot ouvert. Le retour en minibus sera épique. La climatisation n’en peut plus. Faustine est étalée sur son siège, Patrick ronchonne, Alex a touché un levier. C’est le chauffage. De l’air a 60° sort des ouvertures. Le chauffeur râle. Et puis il manque des rideaux. Le soleil est brûlant.

 

Le Passeport, le retour.

Onze heure trente. Le bureau consulaire ouvrait à neuf heures ce matin. On est assis, on a la climatisation, on ne se plaint pas… Des gens passent, repassent. Celle ci cela fait trois fois qu’elle passe.
“Je vais dans le bureau de Fabienne, discuter avec Magali” qu’elle dit, l’air très occupé.
Il y a aussi un petit monsieur à barbiche, petites lunettes d’acier sur le nez. Il vient voir les petits papiers à l’accueil, ceux qu’on a remplis en arrivant. Il les prend, les repose, les mélange un peu et puis s’en va. Il a l’air procrastinateur de celui qui n’a rien à faire et ne sait pas par où le commencer.
Et revoilà encore la précédente. Elle repasse toujours bavarde. “Tiens, c’est bientôt midi. J’ai fini. J’y vais.” qu’elle dit cette fois.
Ah, en voilà un nouveau, il a le bonjour dynamique. Mais il ne s’intéresse qu’aux personnes qui viennent récupérer leur passeport. Pas de chance, on vient pour en faire la demande.

………

L’ambassade, et le consulat attenant sont une véritable forteresse. Murs anti-bombes, militaires armés, filtrage, sas d’entrée. Il n’a rien d’un moulin.
Voilà un peu de mouvement. Le bonhomme à barbichette a choisi un papier. Perdu, ce n’est pas le notre. Et puis il revient, annonce que le consul est en réunion, qu’il ne signera rien aujourd’hui. La moitié des chaises se libèrent, les gens s’en vont… Non ils hésitent, discutent avec le planton, se rassoient.
Nous, on est toujours assis. Revoilà Barbichette, il distribue des papiers, signés. Les gens sont contents, remercient, s’en vont. Nous on attend toujours…
Tiens, il y en a un qui craque. “Je veux voir le consul. Il jette son passeport par terre. Je suis chez moi ici, qu’il crie, je veux voir le consul”…
Ça y est, il n’y a plus que nous. Le consulat ferme dans dix minutes. La dispute continue, dans l’entrée, moitié égyptien moitié français. Des coups de fils sont passés. Tout redevient calme. Et nous ne sommes plus seuls. On n’a pas encore déposé notre demande.
Le jeune couple avec bébé, accueilli il y a plus d’une heure, et qu’on croyait sorti par une autre porte revient. C’est bon pour eux. Le bébé aura son passeport. Sans doute le temps qu’il a fallu pour enregistrer ses empreintes digitales.
Finalement c’est bien Barbichette qui s’occupe des passeport. L’issue est proche.
Ça y est c’est à nous. Tout est bon, la photo, les livres. Barbichette fait son taf, tranquille, pas pressé. Dans une semaine, le cirque recommence, passeport à récupérer, si pas de lézard…

Maintenant, taxi, et puis métro. Dans une heure on retrouve le calme de Maadi.