El gola’an

Toujours sur la Mer Rouge, au sud de Marsa Alam, non loin du Cap Banas, voilà encore un site géré par l’association HEPCA. C’est une plage magnifique, un espace où s’arrêtent de nombreux oiseaux, bordé d’un récif corallien, mais aussi d’une mangrove.

sur la plage

L’association assure la protection du site. Pour cela elle en aménage l’accès, organise le cheminement et implique la population locale. C’est une tribu bédouine du sud, les Ababda, dont elle améliore l’habitat, maison de bois, mais aussi panneaux photovoltaïques et accès à l’eau.

village el gola'an

En échange, les bédouins assurent la nourriture des volontaires qui reconstruisent leur village et profitent du passage des touristes pour vendre leur artisanat. Ils tiennent également un restaurant qui les régale de poissons et de langoustes grillés.

vendeuse de bracelets ethniques

La redevance payée par les visiteurs va permettre de financer l’opération, le bois des constructions provenant du recyclage d’échafaudages récupérés sur des chantiers cairotes.

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La plage a un petit côté paradisiaque…

Au fil du Nil

C’était à Noël, une remontée du Nil à la voile, tranquille et apaisante, loin de l’agitation de la capitale. Certes, il a fait froid, mais ce fut l’occasion de voir des temples, majestueux ou non, des villes, anciennes et modernes, des jardins et des déserts. L’Égypte, tout simplement.

Un lien vers un diaporama ici…

Transport aléatoire

Au Caire, il ne se passe guère de jour où l’on assiste à un spectacle cocasse, ou dramatique. Les camions qui perdent leur chargement sont fréquents, entraînant souvent d’énormes embouteillages. Pastèques, bouteilles d’eau, sacs de riz, de ciment,  raisins… j’aurais vu un peu toutes les marchandises traîner sur le Ring.

Cette camionnette ne déroge pas  la règle. Son chargement de sacs aura du mal à atteindre le Mokattam où les chiffonniers essaieront de valoriser ces déchets.

Petit matin tranquille

La circulation est souvent chaotique au Caire, quelquefois pour des raisons incongrues, et pour un rien, un bouchon se forme. Il est sept heures, les réseaux sociaux se réveillent. Conversation d’enseignants à l’approche de l’école de Smart Village.

Y : Bonjour mon bus vient juste de me prendre à Dreamland. Donc gros retard pour moi ce matin. Bus 22.

Mh : Gros bouchon à l’entrée de Smart.

M : Mehwar bloqué aussi.

A : Oui je confirme. On est le bus 35 et je vois le bus 54 juste devant nous. Retard probable ou arrivée pile-poil au mieux.

Mh : Passé la flaque d’eau ça se dégage…

Y : Pfff…

A : J’adore ce pays. C’est toujours des situations cocasses.

M : Il nous font détourner par Da2iri ! Accident sur Mehwar.

Y : Je suis maintenant bloqué dans un énorme bouchon sur la route Cairo-Alexandrie au niveau du pont du Mahwar. Ça n’avance pas, je vois le bus 53 et un autre dont je ne distingue pas le numéro.

L : Retard pour ma part aussi.

A : On est bloqué bien avant le Dandy Mall et il y a plein d’autres bus de l’école.

Y : Oui, donc je ne suis pas loin de A.

A : Haha ! Pareil, moi je vois le 47 et le 49 en plus du 54 et de notre 35.

A : Ça y est, nous avons passé le tsunami.

M : Je suis en plein dedans.

Y : Et moi encore très loin de Dandy.

L : Moi au niveau de Dandy, enfin…

Y : La petite flaque avant Dandy Mall, c’est ça le tsunami ? Où il y a autre chose ?

L : Nan Nan ! C’est ça le “tsunami”… Je m’attendais moi aussi à une vraie flaque d’eau….

Pour comprendre ce dialogue, il faut savoir que l’école est située près de la route Le Caire-Alexandrie, après le pont du Mehwar qui amène la circulation des banlieues ouest du Caire, après également le centre commercial Dandy Mall. Les élèves viennent tous en bus ou en voiture à l’école.

Bagnoles et tacots

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Quand j’ai pris cette photo, c’est l’opposition entre le panneau NO PARKING et cette voiture installée à demeure qui m’a intéressé, pas l’image de destruction qu’elle véhicule. Mais depuis, je la regarde très différemment. C’est à la fois l’image du passé, et peut-être celle de l’avenir de ce pays.

L’image du passé, parce qu’on trouve de très nombreuses voitures abandonnées dans les rues, sur les trottoirs, pneus à plat, portes enfoncées. Certaines sans plus d’intérêt qu’une épave, voitures déjà usées, d’autres plus intéressantes, grosses berlines allemandes ou américaines.

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Ce qui étonne, chez ces dernières, c’est qu’elles semblent avoir été laissées là provisoirement, souvent habillées de ces housses pyjamas qu’on voit beaucoup dans les rues de Maadi. À croire que leur propriétaire est parti rapidement, pensant revenir plus tard…

Après des vacances, ou après une fuite, ou pire encore… Il y a eu quelques événements tragiques ces dernières années, des étrangers (ou non) partis dans la précipitation. Laissant derrière eux ce qu’ils ne pouvaient emporter dans leurs bagages. Sans parler des taxes rédhibitoires.

Ce pourrait aussi être l’image de l’avenir de l’Égypte, si la crise actuelle perdurait.

Dans les rues du Caire des photos de “bagnoles”

Le climat part en c…

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Il est tombé des trombes d’eau sur Hurghada, il a même grêlé. Egalement sur Sharm El Sheikh, hier. Et demain encore.

Sur l’oasis de Bahariya, deux des maisons en pisé dans lesquelles nous avions dormi il y a deux semaines se sont effondrées. Helal dit n’avoir jamais vu une pluie pareille. Il a également perdu des arbres, couchés par les rafales.

Inquiétant article à lire en parallèle : Climate change may make parts of the Middle East too hot for human beings, according to a new study.

Researchers from the Max Planck Institute for Chemistry and the Cyprus Institute studied weather conditions in the Middle East since 1970. The researchers say “very hot” days in the area have doubled … (lire la suite)

Les nouvelles d’ici

Côté égyptien, c’est la crise depuis notre retour, crise monétaire qui s’est aggravée depuis l’été. On ne trouve plus ni euro, ni dollar, ou à des taux rédhibitoires. Du coup, les prix s’envolent, surtout ceux des produits importés, de plus en plus rares.
Trouver une cartouche d’encre pour imprimante, par exemple, relève de l’exploit. Quant à un camembert, on n’a a pas vu l’ombre d’un depuis notre retour.
Le pays bruisse de rumeurs, manifestations de masse, nouvelle révolution, peut-être le deuxième vendredi de novembre. Des grands groupes ferment leur antenne locale, des expats quittent le pays…
A nous, il nous reste le tourisme en Egypte, pour dépenser nos livres tant qu’elles valent encore quelque chose.
Voilà donc les photos d’une sortie dans le sud du Caire, à un peu plus de 400 km, dans une des oasis du désert de Libye. C’est l’oasis de Bahariya, qui produit les meilleures dattes du pays, ce que nous pouvons confirmer. Elle est située à 140 mètres au-dessous du niveau de la mer.

Il y a le désert noir, lunaire, photos à voir en cliquant sur l’image…

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Et puis le désert blanc, encore plus au sud, interdit jusqu’à il y a peu. Une douzaine de mexicains y avaient péri il y a une année. Photos également en suivant l’image…

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Ghost town

En ce début juillet, nous sommes repartis sur les bords de la mer Rouge, le long de la péninsule du Sinaï. Petit pincement au cœur lorsque l’avion décolle, c’est un petit avion d’Egyptair. Il est plein… surtout de chinois. Arrive Sharm El Sheikh, où  il se pose tranquillement. Sauf que non, il remonte brusquement et vire, il y a un gros avion sur la piste en train de décoller. Ça bouge, ça craque dans l’avion. Les gens se sont tus. Il fait un deuxième tour, sans doute trop rapide, et rate la piste, remet les gaz et remonte. Cette fois c’est très silencieux dans l’avion. Le pilote file plein sud. Direction Hurghada? Non il finit par faire demi tour et revient. L’avion descend rapidement, tangue beaucoup, les passager sont toujours figés. Il touche brutalement le sol, et freine brusquement. Trop vite, ou trop court? On n’aura aucune explication.

Traversée du Sinaï en voiture ensuite. Une heure dans une vallée au fond plat entourée de montagnes escarpées rouges, roses, noires… Quelques arbustes épineux, et des barrages de militaires armés, canons et véhicules blindés derrière des sacs de sable. Et toujours les mêmes questions, à propos de notre nationalité.

Dahab est un ancien village de pêcheurs, reconvertis dans le tourisme. Mais les touristes ne sont pas là. Les Chinois sont restés à Sharm, et il faudra attendre la fin du Ramadan et l’aïd, pour voir arriver des groupes de jeunes égyptiens attirés par la plongée.

Tous les jours se ressemblent. Plage le matin, les fonds marins sont d’une richesse incroyable, et puis sieste pour éviter la chaleur de l’après-midi, sortie et marche  pied dans la douceur du crépuscule. Fare niente : objectif atteint.

Les photos du séjour sont là.

Un anniversaire de rêve

Anne-Marie voulait voir Rome.
J’ai pris des billets pour Sharm El Cheikh.
Dahab, précisément. Un couple de routards, rencontré au Creusot. Une malienne, un français, mariés, musulmans. Branchés permaculture. Ils en avaient parlé. Pas retrouvé le nom du gîte. Ce sera un hôtel. Piscine, plage, tuba. Farniente. Le rêve.
Arrivée de nuit. Aéroport désert – on a l’habitude. Une heure de route, d’autoroute. Quelques rares voitures. Les ombres noires des montagnes défilent, à peine éclairées par la lune. Des check-points illuminés, chicanes, soldats en arme. On passe le dernier. Welcome to Dahab, annonce le chauffeur.
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Le matin, soleil, lumière, plage. La mer est bleue, la montagne ocre. Coraux multicolores. L’hôtel n’est guère rempli. Une vieille anglaise bavarde, un verre de rosé collé à la main. Elle cuit doucement au soleil. Un couple, anglais également. Tatoués tous les deux. Pas vraiment jeunes. Un groupe d’italiens. Des étrangers. Un type à barbiche. Il me parle en anglais. Deux couples de russes – des plongeurs, costauds. Et puis deux jeunes couples égyptiens.
Elle patauge dans l’eau avec sa petite fille. Toute vêtue de noir, des chevilles à la tête, tandis que son bel homme parade en bermuda sur le ponton. Elle, plus sportive, mais pas mince, masque et palmes à la main, s’en va voir le tombant avec son mec. Elle ne doit pas savoir nager. Elle est engoncée dans sa tenue noire, dans son gilet orange. On est loin de l’idéal naturiste que j’ai connu, loin de la liberté des corps.
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Aujourd’hui le vent souffle du nord, violent. La mer s’est faite dure, moutonneuse. Au loin, les monts d’Arabie s’élèvent. Sévères. Je pense à Henry de Monfreid – une lecture de jeunesse. Je rêve à son boutre, il passerait le Ras, il viendrait mouiller devant la plage. L’équipage plongerait pour rejoindre la côte. La mer Rouge est là. Les montagnes la dominent. Une plaine côtière étroite. Tout cela est très contrasté.
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À quelques kilomètres d’ici, le Blue Hole. Une piscine naturelle de 130 mètres de fond, qui s’ouvre à la mer par une voûte sous-marine. Un rêve de plongeur. Un cimetière de plongeurs également. La voûte est à plus de soixante mètres de profondeur.
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Après, plus de route. Il faut continuer à dos de dromadaires. Une heure pour atteindre le Ras Abu Gallum. Un village de pêcheurs bédouins. Poissons grillés à l’ombre des palmes. Thé vert. Nage au milieu d’un aquarium coloré.
Un anniversaire de rêve.
Un anniversaire rêvé.
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Le Passeport, le retour.

Onze heure trente. Le bureau consulaire ouvrait à neuf heures ce matin. On est assis, on a la climatisation, on ne se plaint pas… Des gens passent, repassent. Celle ci cela fait trois fois qu’elle passe.
“Je vais dans le bureau de Fabienne, discuter avec Magali” qu’elle dit, l’air très occupé.
Il y a aussi un petit monsieur à barbiche, petites lunettes d’acier sur le nez. Il vient voir les petits papiers à l’accueil, ceux qu’on a remplis en arrivant. Il les prend, les repose, les mélange un peu et puis s’en va. Il a l’air procrastinateur de celui qui n’a rien à faire et ne sait pas par où le commencer.
Et revoilà encore la précédente. Elle repasse toujours bavarde. “Tiens, c’est bientôt midi. J’ai fini. J’y vais.” qu’elle dit cette fois.
Ah, en voilà un nouveau, il a le bonjour dynamique. Mais il ne s’intéresse qu’aux personnes qui viennent récupérer leur passeport. Pas de chance, on vient pour en faire la demande.

………

L’ambassade, et le consulat attenant sont une véritable forteresse. Murs anti-bombes, militaires armés, filtrage, sas d’entrée. Il n’a rien d’un moulin.
Voilà un peu de mouvement. Le bonhomme à barbichette a choisi un papier. Perdu, ce n’est pas le notre. Et puis il revient, annonce que le consul est en réunion, qu’il ne signera rien aujourd’hui. La moitié des chaises se libèrent, les gens s’en vont… Non ils hésitent, discutent avec le planton, se rassoient.
Nous, on est toujours assis. Revoilà Barbichette, il distribue des papiers, signés. Les gens sont contents, remercient, s’en vont. Nous on attend toujours…
Tiens, il y en a un qui craque. “Je veux voir le consul. Il jette son passeport par terre. Je suis chez moi ici, qu’il crie, je veux voir le consul”…
Ça y est, il n’y a plus que nous. Le consulat ferme dans dix minutes. La dispute continue, dans l’entrée, moitié égyptien moitié français. Des coups de fils sont passés. Tout redevient calme. Et nous ne sommes plus seuls. On n’a pas encore déposé notre demande.
Le jeune couple avec bébé, accueilli il y a plus d’une heure, et qu’on croyait sorti par une autre porte revient. C’est bon pour eux. Le bébé aura son passeport. Sans doute le temps qu’il a fallu pour enregistrer ses empreintes digitales.
Finalement c’est bien Barbichette qui s’occupe des passeport. L’issue est proche.
Ça y est c’est à nous. Tout est bon, la photo, les livres. Barbichette fait son taf, tranquille, pas pressé. Dans une semaine, le cirque recommence, passeport à récupérer, si pas de lézard…

Maintenant, taxi, et puis métro. Dans une heure on retrouve le calme de Maadi.