Le Passeport, le retour.

Onze heure trente. Le bureau consulaire ouvrait à neuf heures ce matin. On est assis, on a la climatisation, on ne se plaint pas… Des gens passent, repassent. Celle ci cela fait trois fois qu’elle passe.
“Je vais dans le bureau de Fabienne, discuter avec Magali” qu’elle dit, l’air très occupé.
Il y a aussi un petit monsieur à barbiche, petites lunettes d’acier sur le nez. Il vient voir les petits papiers à l’accueil, ceux qu’on a remplis en arrivant. Il les prend, les repose, les mélange un peu et puis s’en va. Il a l’air procrastinateur de celui qui n’a rien à faire et ne sait pas par où le commencer.
Et revoilà encore la précédente. Elle repasse toujours bavarde. “Tiens, c’est bientôt midi. J’ai fini. J’y vais.” qu’elle dit cette fois.
Ah, en voilà un nouveau, il a le bonjour dynamique. Mais il ne s’intéresse qu’aux personnes qui viennent récupérer leur passeport. Pas de chance, on vient pour en faire la demande.

………

L’ambassade, et le consulat attenant sont une véritable forteresse. Murs anti-bombes, militaires armés, filtrage, sas d’entrée. Il n’a rien d’un moulin.
Voilà un peu de mouvement. Le bonhomme à barbichette a choisi un papier. Perdu, ce n’est pas le notre. Et puis il revient, annonce que le consul est en réunion, qu’il ne signera rien aujourd’hui. La moitié des chaises se libèrent, les gens s’en vont… Non ils hésitent, discutent avec le planton, se rassoient.
Nous, on est toujours assis. Revoilà Barbichette, il distribue des papiers, signés. Les gens sont contents, remercient, s’en vont. Nous on attend toujours…
Tiens, il y en a un qui craque. “Je veux voir le consul. Il jette son passeport par terre. Je suis chez moi ici, qu’il crie, je veux voir le consul”…
Ça y est, il n’y a plus que nous. Le consulat ferme dans dix minutes. La dispute continue, dans l’entrée, moitié égyptien moitié français. Des coups de fils sont passés. Tout redevient calme. Et nous ne sommes plus seuls. On n’a pas encore déposé notre demande.
Le jeune couple avec bébé, accueilli il y a plus d’une heure, et qu’on croyait sorti par une autre porte revient. C’est bon pour eux. Le bébé aura son passeport. Sans doute le temps qu’il a fallu pour enregistrer ses empreintes digitales.
Finalement c’est bien Barbichette qui s’occupe des passeport. L’issue est proche.
Ça y est c’est à nous. Tout est bon, la photo, les livres. Barbichette fait son taf, tranquille, pas pressé. Dans une semaine, le cirque recommence, passeport à récupérer, si pas de lézard…

Maintenant, taxi, et puis métro. Dans une heure on retrouve le calme de Maadi.