Le train du mardi

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C’est le blues du mardi,
le blues du train qui part.
Siffle le chef de gare.
Juste le bisou qui dit
un coucou sans joie.

Fête de Noël

Quand on se promène à Saint-Raphaël, comme je l’ai écrit dans le message précédent, les rues sont la plupart du temps désertes. Normal, quand on sait que soixante pour cent des logements sont des résidences secondaires, vides une bonne partie de l’année. Normal si on pense qu’une bonne partie du reste est occupée par des personnes âgées. Saint-Raphaël, ville de vieux et de demi-vieux, m’a-t-on dit une fois. Demi-vieux qui viennent de s’installer pour y passer leur retraite. Vieux, ancien demi-vieux, qui finissent leur jours ici, plus ou moins impotents, plus ou moins gâteux.

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Fréjus, c’est la commune voisine. Juste un pont sur un ruisseau endigué pour passer de l’une à l’autre. Et tout de suite des trottoirs peuplés de gens, jeunes ou vieux, et surtout des trottoirs bien plus vivants, bien plus bigarrés que les trottoirs raphaélites.

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La semaine dernière, Aurélie me demandait où trouver des jeux pour enfants à Saint-Raphaël. Il est vrai que je n’en savais rien, n’en ayant jamais aperçus. Alors j’ai appelé le service de l’environnement, à la mairie, celui qui est censé s’occuper des parcs de la ville. « Des quoi? » ils ont dit, puis ils m’ont transféré au standard qui a hésité avant de me renvoyer vers l’office du tourisme. Là, silence embarrassé, avant de trouver la solution : « Ne quittez pas, je vous passe le bureau de Mme … Elle a des enfants, elle doit savoir. » Elle savait, il y a un espace pour les enfants, sur le nouveau port. Un.

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Donc, petite sortie à Fréjus, au marché de Noël. Là, il y a des attractions, manèges pour les enfants, carousel, promenade sur des ânes, jeux, et puis crêpes, barbapapa, marionnettes. Et même une crèche provençale, et son stand catholique, prosélite. Diversité culturelle oblige, la banderole indique « Il est venu pour nous » en français et en arabe… « هو أتى ل نا » – traduction google, non garantie, je ne sais pas lire l’arabe.

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Et pour la barbapapa, un certain n’aura jamais la bouche assez grande pour la gober toute entière. Les yeux plus gros que le ventre? Non, les yeux sont grands, le ventre aussi. Dans la collégiale voisine, un triptyque ancien décore la voute nue, icône de Noël, saints protecteurs, on est dans un ancien palais episcopal.

Promenade d’hiver

Journée des urgences, des derniers trucs importants à faire, qui ne pouvaient plus attendre, mais qui attendaient depuis des lustres. Mes enfants sont à l’image leur père : une apparence d’inorganisation un peu foutraque, un peu troublante pour qui ne sait pas, et pourtant présents quand il le faut. Confiance, Noël sera là cette année. Nina a confiance.
Plus concrètement, le matin c’est trop dur de se lever pour la maman, et comme les commerçants raphaëlois font la sieste en début d’après-midi, les courses ne peuvent se faire que tardivement dans la journée. La promenade promise sera pour la fin de l’après-midi. Et Noël pour demain.

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Promenade jusqu’à la Sainte Baume, promenade d’hiver cette fois, roches glissantes d’humidité, ombres qui s’allongent, pas la meilleure heure pour crapahuter, surtout lorsque qu’on ramasse des herbes aromatiques d’une main, qu’on retient Nina de l’autre. Pas rassurée, Nina. Mais on s’approche de la porte…

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Promenade aux couleurs chaudes d’un coucher de soleil hivernal, lorsqu’on a passé la porte de la chapelle, teintes rousses sur roux.

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Dans la grotte, repère d’un ermite ancien, des images saintes, des mots, une statuette de moine boudiné dans sa foi. Elle est lourde à la main, terre cuite épaisse, elle cache un sou. Matthieu prend la pièce, moi la statuette, nain de jardin pieux, trophée volé au curé. Regards échangés, larcin oublié, tout reste en place.

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Et puis le soleil finit par rejoindre l’horizon. Il faut se réveiller, rassembler la famille, redescendre en ville. On aura juste croisé une famille de bretons, voitures immatriculées Pen Ar bed.

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La nuit s’installe dans la descente, la brume voile la vallée, la douceur de la nuit s’annonce. Il est temps.

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En voilà une qui a gardé aux yeux la lumière du soleil.

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Journée de folie

Matin frisquet, matin très tôt.
Vite, ranimer le feu, se réchauffer un peu…

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Et pour passer une bonne journée, commençons par poser les parents à la gare, direction la grande ville – c’est bientôt noël, après tout.
Hop, c’est fait.

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Ensuite, petit tour à la plage, après la sieste, on joue à se déplacer comme une petite mamie, puisqu’on se promène avec un papi.

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Et puis une bonne platée de lasagnes maison, lasagnes de mamie bien sûr, pour finir cette journée très sage.

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Une histoire vraie

Je rentrais du bord de mer ce jeudi-là, d’avoir promené Nina, passant par l’avenue qui traverse Boulouris. Boulouris, c’est des un quartiers de Saint-Raphaël. Enfin quartier… plutôt une accumulation de villas, de petits imeubles, d’impasses et de lotissements, le tout sans guère d’organisation urbaine. Les piétons sont rares, sur cet axe qui relie la gare de Boulouris au centre ville. Ici, pas de bus, ni de piste cyclable, on ne se transporte qu’en voiture.

Cette silhouette hésitante, qui marchait appuyée sur une canne, sur ce trottoir habituellement désert, a attiré mon regard. Sa capeline, son regard triste, l’homme qui l’attendait, impatient, je ne l’ai pas reconnue, ma vision est bien trop floue maintenant.

Mais je n’ai pu m’empêcher de penser à cette histoire qui s’est écrite toute seule. C’est une histoire vraie. Enfin, si les mots veulent bien dire la vérité. Ce sont mes mots, et mes mots mentent volontiers. C’est mon histoire, peut-être pas la sienne. Les mots, posés sur la réalité, racontent toujours une fiction. J’ai voulu que les mots, les dessins se répondent même s’ils sont nés sans savoir que je les utiliserai ailleurs. Ces mots, ces dessins, je les ai éparpillés sur ce site, au hasard de mes lectures.

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C’est une histoire vraie, ou peut-être un rêve, mais c’est mon histoire. Une histoire qui vient de mon passé. Bien sûr, Elle, Elle a son histoire. Peut-être un jour croisera-t-elle ces pages, au hasard de ses errances sur internet. Elle écrira alors un commentaire. Juste « Je t’ai lu ». Ou alors Elle pleurera. Je ne sais pas.

Je n’ai jamais su.

Carrefour de misères

C’était un soir de juin, Carrefour du Gast, carrefour de la débine.

Une jeune femme à genou, sébile à la main, sourire au visage, accueil du magasin. C’est une habituée, presque un élément du décor.

Sabillah.

La caissière, aimable, parle avec le client qui me précède.C’est un jeune Marocain joufflu. Il se dit organisateur de mariage. Il revient du consulat. Il n’a pas eu son passeport, il risque de perdre son contrat. Il a déjà engagé les musiciens.

Elle, blonde, la beauté fatiguée, a fait des crêpes jusqu’à tôt ce matin. C’était la fête de la musique. Elle n’en peut plus.

Derrière moi, un breton, vieux poivrot, bouteilles qui débordent du sac. Il parle anglais avec un Kosovar, sec comme un sarment de vigne. Il passe ses journées à Fougère, traîne autour du château.

No, he doesn’t work !!

Un couple de petit vieux, collés au gabier. Ils retirent de l’argent. C’est long, très long. Elle recompte les billets, lui surveille les alentours.

De qui ont-ils peur ?

Quatre policiers sortent du Carrefour Market, encadrant ce jeune type, menotté dans le dos. Ils le poussent vers leur voiture. La femme flic a un coca à la main, sourit. Routine.

Le jeune homme pleure.

D’un côté, un resto bar africain, coloré, musique à fond, tables bavardes. En face, du bar pmu, les regardent des visages aigris, ruinés par le tabac, l’alcool, la misère.Entre les deux, rien, juste l’esplanade du centre commercial.

Petit vent frisquet.

Les marchands de bonheur

L’autre jour, je discute avec une amie du bonheur, discussion plutôt absurde, tant le concept de bonheur est indéterminé. Mais bon, on est retraité, alors on s’occupe d’une manière ou d’une autre, et ça vaut bien le sudoku ou le PMU. Pour faire court, on divergeait.
Elle, elle me semblait plutôt branchée sur l’aspect constructiviste, optimiste, du bonheur, plus proche de la rationalité de Spinoza. Alors que moi, l’idée du bonheur, comment dire, c’est comme le paradoxe de Zènon, celui d’Achille et de la tortue, quand on croit l’avoir saisi, il n’est déjà plus là.
J’affirme donc que le bonheur me surprendra, viendra d’où je ne l’attends pas, s’il vient bien sûr. 

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Mais ce genre de discussion me gonfle très vite et je commence à délirer sur ce bonheur qui m’est proposé, construit comme un objet de consommation courante. J’imagine alors la publicité qui l’accompagnerait, forcément ringarde, qui essaierait de nous le fourguer.
Votre bonheur est usé, votre bonheur est cassé ? Changez-le donc, remplacez-le par un bonheur tout neuf, tout pimpant !
J’imagine un vendeur. Le vendeur parfait. Il aurait travaillé dans une boutique de fringues, ou de chaussures…

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Tenez, monsieur (ou madame, ou mademoiselle), essayez donc ce bonheur-là, faites quelques pas, vous verrez, il est très confortable.
ou
Vous vous trouvez un peu à l’étroit, mais il se fera à l’usage, vous verrez.
ou alors
Celui-ci ? un modèle inusable, indémodable, éternel…
ou encore
Ce style, ça vous donne un coup de vieux. Le style, important, le style, ça doit flasher. Moi je vous vois plutôt…
De quoi en faire une bande dessinée, si j’avais du temps. Ça entraine une recherche d’images sur le net, des images de bonheur pour concrétiser une idée graphique. Requête : marchand+bonheur. Côté mièvrerie, j’ai été gâté… Mais il y avait ces trois-ci.

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Au bout du compte, c’est par un vide qu’on pourrait le définir, le bonheur : c’est quand on l’a perdu qu’on sait qu’il était là.
J’ai aimé la photo des deux vélos appuyés contre l’arbre. Encore une absence là, celle d’un couple. Ils sauront peut-être un jour qu’ils étaient heureux ce jour-là.

Une leçon de conduite

Sept heures et demi, dimanche sur la quatre voies. Personne. Si nous. La nuit traine encore et des bancs de brumes sporadiques s’accrochent aux arbres entre Rennes et Nantes. La voiture ronronne, le chauffeur somnole. Tout baigne.

Un flash dans la nuit. Même pas ébloui. C’est moi qui conduis et Aurélie vient de perdre deux points. C’est pas ma voiture!

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Aéroport de Nantes, on nous presse – silvouplê silvouplê – c’est juste l’heure limite. Petit avion, comme un jouet, les pilotes dans leur cabine. Ça ressemble à Flight Simulator. Je suis sûr que j’arriverais à faire décoller l’avion, si j’osais. Mais le pilote, c’est un joueur, il nous fait un virage en bout de piste tout en accélérant, et nous voilà en l’air.

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L’avion est quasiment vide, trois autres personnes et nous, une hôtesse et deux pilotes. La compagnie peut donc se montrer généreuse. Il y aura du rab de croissant avec le café. Joli ciel d’hiver qui nous accompagne, les Alpes enneigées et un petit vent frisquet à l’aéroport de Nice. On regrette la douceur du climat breton.

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Ronan se fait attendre, il devait venir nous chercher et le voilà en retard. Anne Marie s’impatiente. Il passe devant nous, se gare rapidement. J’ouvre le coffre de la voiture, un enjoliveur brisé me regarde. « Un trottoir ? je fais. Non, un mur, il me répond ». Ah. Impossible d’ouvrir la portière droite, coincée par l’aile froissée. Bon, ben, mon Ronan, il va falloir envisager de revoir ton argent de poche, je pense. Mais je le remercie, grâce à lui, j’aurai quelque chose à écrire sur mon blog, demain.

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Quand il aura l’expérience de son père, il pourra envoyer des textos tout en conduisant sur des routes de montagne, mais là, il aura appris qu’on ne règle pas la climatisation de sa voiture dans un virage, même au ralenti, avec un permis encore tout frais.

Reflet

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Scène de bataille inter-galactique :
l’arrivée des soucoupes volantes et la défense planétaire…
ou juste un reflet dans la vitre un soir de mistral ?

Crêperie de la place du marché des Lices

Crêperie du marché des Lices
Crêpe andouille pomme
Crêpe miel citron
Café…

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et puis mes filles.
Belle journée.