Catégorie : Chronique d’une dernière année

Elections municipales à Saint-Louis la semaine dernière, élection du nouveau maire cette semaine. Verts contre Rouges. Les Verts ont perdu. La rue principale, la Place des Grands Hommes sont ornées de fanions d’une belle couleur rouge, hélas un peu sombre à cette heure de la journée.

Des ruptures d’approvisionnement qui commencent à devenir récurrentes, est-ce dû la crise, ou au changement des lignes maritimes, mais on se croirait revenu en arrière.  En effet, l’armateur CMA-CGM a décidé de desservir la Réunion via Djibouti au lieu Maurice. La Réunion se retrouve donc en bout de chaîne, position qu’occupait naguère Mayotte.

Ce n’est pas encore, l’été, pas encore la grosse chaleur émolliente, celle qui laisse les corps à moitié assoupis, posés là où la fatigue est tombée. C’est juste l’attente, oisive, assis sur un tas d’ananas Victoria.  C’est juste les copains des fils Rama, le patron de la boutique de légumes, qui traînent leur journée à donner un coup de main, à envoyer des sms, attendant  on ne sait quel événement qui les emportera… Anne-Marie vient d’y faire ses courses, oignons, poireaux, grains, etc.

L’Étang-Salé-Les-Hauts, boutique de cadeaux, dans la rue principale. L’exotisme est une notion partagée, mais relative. Bretagne sous les tropiques, Bretagne de pacotille, Bretagne exotique. Double austral de ces superettes ethniques, Exopotamie, Nature et Découverte, j’en oublie…

Depuis trois jours, au bord de la route, face à la Ravine des Sables, devant la plage, du linge sèche au vent. Curieux, car à cet endroit, face aux dunes, face à la mer, sous les embruns, elle ne risque pas de sécher, cette lessive, en fait de linge, des draps rouges et des draps blancs.

L’année dernière, au même endroit, il y avait deux insectes, des abeilles de deux mètres de haut. Deux structures en bambou. J’avais pensé à des chars de carnaval mis au rebus, ou en attente d’un dipavali quelconque… Mais non, elles avaient pourri sur place, ces bestioles, démantibulées peu à peu par les cyclones et les tempêtes.

Sans aucun doute, cette pointe, cette ravine est un endroit magique, peut-être s’agit-il d’offrandes aux génies de la mer. Il y a deux ans, la même dune était parsemée de messages d’amour en plastique argenté, à l’écriture mièvre,  que des mots solitaires, …

N’est-il pas beau, ce soleil qui se couche sur l’Océan Indien? C’est rare de voir un ciel aussi dépouillé de nuage, en cette saison. C’était ce samedi, vers 18h30.

En cette saison de coupe de la canne, on croise sur les routes ces tracteurs chargés de canne, dont l’avant, utilitaire, évoque la gueule d’un tigre dents de sabre. On les rencontre sur les routes, le plus souvent. Rencontres qui, inévitablement, nous retardent. Quelquefois sur la quat’voies, si le champ de canne est proche de l’usine sucrière. Mais la plupart du temps, ils vont sur des aires de chargement alimenter ces camions tout en hauteur qu’on appelle ici cachalots. Les tunnels, les ponts de la route des Tamarins ont été calibrés pour qu’ils y passent. On sait la saison de la canne en cours, la quat’voies étant jonchée de débris arrachés à ces cachalots terrestes.

Encore un signe de la fin proche de l’hiver, de l’arrivée des chaleurs, des mangues et des ananas, la rencontre entre les parents d’élèves du lycée et les professeurs, installés par deux dans les classes. On la repère aux longues files d’attente, mères essentiellement, quelques pères aussi. On reconnaît les nouveaux, les parents des élèves de seconde, perdus dans le labyrinthe de passerelles, de couloirs, d’escaliers, carnet de correspondance à la main, à la recherche de la salle B104 ou A205, devant laquelle ils sont sans doute déjà passés plusieurs fois… Cette année, soleil et chaleur. L’année dernière, vent et crachin. Certain préfère attendre assis, attendre madame.

L’alizé qui soufflait violemment depuis quelques jours est enfin tombé. Il a laissé la place aux nuages qui s’accrochent au relief. Les couchers de soleil lumineux sont maintenant de retour. Mais c’est souvent à tourner le dos à ce soleil couchant qu’on a les plus belles couleurs. Une image de la Réunion maintenant, en opposition à la Réunion lontan. C’est cela aussi, une île sous les tropiques.

J’adore les fruits confits, les vrais, les fruits confits artisanaux, de ceux qu’on pouvait trouver dans les confiseries d’antan, celle qu’on trouve encore à Nice, envahies de touristes, guide à la main. Je le sais, je l’ai fait. Alors, je me suis lancé dans cette fabrication. Mes fruits confits, il faut les manger vite, je n’y mets aucun conservateur, disons dans les quinze jours. Ce n’est pas très difficile, de les manger, j’entends. Pas si difficile à préparer non plus. Les meilleurs, marrons glacés mis à part, ce sont les mandarines confites. Sauf qu’ici, à La Réunion, je n’ai pas trouvé l’agrume idéal. Alors je bricole avec des Kumquats locaux, qui donnent un résultat très satisfaisant, juteux, sucré et acide se êlent, le sirop coulant dans la bouche, l’écorce libérant l’arôme du fruit… La recette du kumquat confit, ahhhh, un secret de famille!