Épilogue

Cette fois, ça y est, je suis français !
Un peu de seconde zone, malgré tout, puisqu’il est écrit sur ce papier « français, bien que né à l’étranger »…

Cela s’est fait très vite : le lundi après-midi, je me présente à l’accueil du tribunal, alors que tout le monde en sort, juges, avocats, secrétaires…
Ce n’est pas une alerte à la bombe, ni un exercice d’incendie. La France rend hommage ici aussi à Lazare Ponticelli, le dernier poilu de la grande guerre.
Une minute de silence et c’est torché. Tous retournent au travail, j’en profite pour me glisser dans le couloir.

La stagiaire est toujours a son bureau, toujours aussi stagiaire…

Dans le bureau voisin, la greffière est bien embêtée : j’ai un récépissé de remise de dossier, elle n’a pas le dossier. Je lui propose de laisser de nouveau les documents perdus, elle me promet de les transmettre sans délai. En sortant je croise le greffier en chef. Coup de fil dudit chef, le lendemain après-midi, le certificat est prêt.

La dame de l’accueil est épatée par la rapidité d’action du tribunal, très inhabituelle. Elle me conseille néanmoins de garder précieusement mon papier : le dossier qui va être archivé est dans une pochette rose. C’est la couleur des gens qui sont français par naturalisation, pour moi, c’est par filiation, donc il aurait fallu que ce soit une pochette jaune.

Si un jour je dois demander un nouveau certificat, ils ne pourront donc pas retrouver mon dossier.

Et non, on ne peut pas changer la couleur, il y a mon numéro de dossier écrit sur la pochette, cela ferait des complications. De toute façon, ils retrouveront peut-être un jour ma première demande, qui était dans une pochette jaune, j’en ai le récépissé.

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Petite conclusion en guise de clin d’œil :

La campagne électorale s’est terminée dans la joie et la bonne humeur, ici à Saint Leu.
Le maire sortant UMP, 19 ans de mandat, n’a rien vu venir. Il a été battu par un petit jeune de 31 ans, encarté au MODEM, allié au PCR et soutenu par le PS.
Il n’a pas lésiné sur les moyens.
C’est un homme de conviction, puisqu’il a voté au conseil général, où il est devenu conseiller Modem, pour la liste UMP, puis pour la présidente sortante UMP, elle-même soutenue par le PCR et le PS, laquelle a été élue contre la liste présentée par l’UMP, quelques conseillers UMP votant à gauche, ou à droite… je ne sais plus, c’est un peu compliqué.

Sa conclusion, sur RFO : « L’important, c’est que je sois dans la majorité. »

Quelques nouvelles du tribunal de Saint Pierre

Je ne vais rien dire du quotidien judiciaire local, qui n’est pas sans intérêt par ailleurs. On y va de l’ignoble, la mère de 77 ans violée par son fils, au plus léger, vente de photos nue d’une certaine Miss, le tout baignant généralement dans une misère sociale et une alcoolisation prononcée.
Non, pas de victime découpée au sabre, ni tuée à coup de bâton, juste un bout de vie du tribunal de grande instance de Saint-Pierre, jeudi matin.

On y entre maintenant sous un portique, sacs fouillés, monnaie et clés dans une boîte. Oublié le côté bon enfant de ma précédente visite, début octobre.
Dans le couloir, sur un banc, un mahorais, timide comme souvent, attend.
Il attend depuis huit heures une signature sur son certificat de nationalité. Le greffier doit arriver à onze heure me dit-il. On m’avait annoncé qu’il serait là à dix heures trente, dans un quart d’heure.

Sur le banc, devant nous, une jeune malbare et celle qui doit être son avocate. Il semble qu’elles soient là pour la levée d’une mesure de rétention, peut-être pour son homme? Elle sort un peu plus tard du bureau du juge, pas contente à entendre les éclats de voix. Le couple suivant passe, une jeune avocate chinoise, en robe cette fois-ci, et sa cliente.

Des secrétaires passent, discutent, se font la bise. On m’a déjà demandé ce que je voulais.

J’ai expliqué, ma demande de certificat de nationalité qui traîne, les papiers fournis, les coups de téléphone, mais il faut attendre le chef, un monsieur à cheveux blancs.
Il arrive à onze heure et quart, un vieux, traînant un ventre qui se répand, la chemise tendue sur le bas-ventre, couperosé, couvert de croûte sur la tête. Il entre dans son bureau, mais il ne faut pas le déranger, il discute. La secrétaire me rappelle qu’elle n’est que stagiaire et qu’il faut attendre.

Dans le couloir, c’est la cohue, une quinzaine de personnes, plus toutes jeunes, sont là, à attendre le juge, papotant en créole. On commente beaucoup l’affaire du jeune de quatorze ans qui a braqué une voiture sur le parking de l’hypermarché et qui s’est tué dix minutes plus tard, dans un virage, et ça hoche la tête en marmonnant.

Voilà la juge qui sort. On la dirait tout droit venue d’un film de Chabrol, avec ses talons aiguilles et sa coiffure tirée, jupe aux genoux et tailleur stylé. Elle fait l’appel, car c’est toute une fratrie qu’elle a convoquée, onze frères et sœurs, et la mère, une toute vieille, toute droite, toute mince qu’elle accompagne dans son bureau. Là il est question de la mise sous tutelle d’une personne absente, semble-t-il. Ils ressortent un moment plus tard, tous contents.

Moi, j’attends toujours, en bougonnant de plus en plus.
Une secrétaire, la dame du 31 (c’est son bureau) me fait entrer dans le bureau du chef, le numéro 35 et me fait réciter à nouveau mon problème – vous vous rappelez, le dossier de demande de certificat de nationalité, pour partir à la retraite bientôt –
J’avais déjà raconté la même histoire à la dame du bureau 34, une heure avant.

Je n’oublie pas le chef, qui est sorti de son bureau, parti discuter avec le président du tribunal. Il est passé devant nous sans un mot.

Mais on s’occupe de moi, enfin. La dame du 31, et la dame du 34 aussi. On me fait redire mon histoire, mais mon dossier fait de la résistance, il n’est ni dans la pile des dossiers traités, ni dans la pile des dossiers faits, ni dans celle des dossiers à rectifier, ni sur le bureau. Il me faut présenter mon justificatif de dépôt de dossier, que je ne lâche plus : elle vient, devant moi, d’égarer un document qu’elle devait faire signer mais en a retrouvé un autre, perdu il y a quinze jours.

Il est bientôt midi, cela circule beaucoup dans les couloirs, avocats, juges, secrétaires, c’est l’heure du repas.
Le chef se présente enfin, s’informe, se rappelle avoir entendu parler de mon dossier, avise le mahorais et dit à sa secrétaire : « Puisque M. B…. n’est pas encore parti, donnez-moi son certificat, je vais le signer. »
Il ajoute qu’il n’y a pas de problème pour moi, tous les papiers étant déposés. Il s’en va manger lui aussi, avec le bâtonnier justement.

Et me voilà avec la dame N°31 qui découvre l’affaire et la dame N°34 qui dit avoir déposé le dossier sur le bureau du chef il y a quelques mois. Elles s’affolent un peu, retournent les bureaux, en vain.

Nous partons nous aussi manger, mais à l’autre bout de la ville. Ma visite au tribunal n’aura pas été inutile, ma requête a bien progressé : j’ai déposé une demande de certificat de nationalité qui a été traitée, puis complétée, rectifiée et égarée.

J’en suis donc à l’étape suivante, la constitution d’une nouvelle demande.

Relire son Bled

paradis

Chou… hibou…. pou…
genou… euh…
joujou…
et bisou, surtout bisou
prennent un X au pluriel.

Caillou ? non pas caillou.
Pas dans mon jardin !

2008

Les fêtes se terminent.
Ce fut l’occasion, pour une fois, de se coucher tôt, de nager longtemps, de randonner et de penser à tous ceux qui se trouvaient loin de nous, qui étions regroupés à …

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Il suffit de regarder les photos pour nous situer…
Où ça?
Et oui, là-bas! Mayotte

C’est compliqué

Je résume, pour ceux qui auraient manqué le début.
Pour boucler mon dossier de retraite, il me faut juste un certificat de nationalité française.
Pas de problème, vous êtes français, m’a dit la dame du tribunal, à Saint-Pierre, il ne me faut que les actes de naissance de vos quatre grands parents, puisque vous êtes né à l’étranger, comme votre mère.

La grand-mère Miroux étant née, elle aussi, à l’étranger, c’est Nantes qui centralise les actes d’état-civil – euh, non, elle est née il y a plus de cent ans, alors c’est les archives du ministère, à Paris – euh, non, il faut d’abord faire transcrire l’acte de naissance par le consulat de France au Portugal pour le verser aux archives – euh non, il faut d’abord prouver qu’elle est française pour le transcrire…

Ah…

Je résume, il me faut la copie de l’acte de naissance de ma grand-mère, mais pour l’avoir, il me faudrait les copies des actes de naissance de mes arrière-grands-parents. En plus, ils précisent que cela peut être très long, dans la lettre que m’a envoyée l’état-civil de Nantes.

Et puis la dame du tribunal est enceinte, c’est son troisième enfant, elle reprendra en septembre 2008.

?…

Non, elle n’est pas remplacée.
Dans leur document joint, le service des archives me conseille de m’adresser à l’état-civil, à Nantes.

Si !

Restons zen, c’est les vacances.

Panurge

C’est la rentrée.
Depuis trois semaines maintenant sur les routes.
Beaucoup de réunions ici ou là, Tampon, Saint-Pierre, Petite Ile, L’Etang Salé, Les Avirons…
Je circule beaucoup, les autres réunionnais aussi.
Des embouteillages régulièrement, souvent pour des travaux, quelquefois pour un accident, comme il y a deux semaines, où les six derniers kilomètres nous ont pris plus de trois heures.
Mercredi, en revenant de l’iufm, un gros ralentissement sur la route, au niveau de la ravines des Sables, tout en bas de la maison. Cette fois-ci, c’était deux baleines qui s’amusaient à plonger et à agiter leur nageoire devant la plage. Les voitures garées n’importe comment, au pas, les gens photographiant.

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Et ce matin, une queue impressionnante devant toutes les stations service de l’île, plus de cinq cent mètres sur la quat’ voies. A midi, RFO en annonce la cause, une rumeur de grève qui a affolé tous ces automobilistes.
L’hiver s’éternise, gris et froid aujourd’hui.

Aux amis de CorsairFly

Départ de Paris sous les nuages, première éclaircie au dessus des Alpes.

  

On jette un dernier regard sur le Cap Corse, avant un long voyage à bord d’un … 747 délabré, scotch et bouts de ficelle à l’intérieur…

   

Il y a la queue devant l’unique toilette en état de fonctionner pendant une bonne partie du vol – il faut bien essayer de dormir à un moment dans la nuit, mais dommage, c’était juste pendant l’orage si impressionnant, je n’en ai rien vu, heureusement.

Même la vidéo est en panne, au début,  mais c’est parti pour la Réunion, tout le monde communiant avec … Moi je ne sais pas qui c’est, mais je devrais peut-être.

Voyage en avion

Couchés à minuit, dernière fois vu le réveil à 1h39. Levé à 3h30. Petite nuit. Beau temps légèrement moins frais que le reste de la semaine.

A cinq heures, Alain passe nous prendre. Pas de problème à l’enregistrement des bagages, mais panne générale de courant dans l’aérogare. Ambiance… Le départ est retardé. Un passager a enregistré ses bagages mais il ne s’est pas présenté à l’avion. Il faut les sortir de la soute.

Voyage de jour au-dessus de l’Afrique, neiges du Kilimandjaro, vision du désert. Si Madagascar est sec, terre rouge, poussière, ce n’est pas un désert. Le Sahara si.
Rien que de la poussière et des éperons rocheux noirs, noyés dans le sable, des traces de fleuves anciens, des dunes, immenses, où on ne voit pas trace de vie, pas même un nuage, passé les mots du Tibesti.

Et puis c’est la Libye, des champs géométriques immenses, en cercles parfaits ou en cristaux de neige. Et des routes qui se croisent à angle droit, formant un damier impressionnant dans ce vide orangé.

Passage au bleu de la Méditerranée sans transition, sinon une bande littorale ponctuée d’enclos reliés par une route.
La mer est vide, comme morte, comparée à l’océan Indien. Pas de nuages, quelques porte-conteneurs qui déchirent ce qui ressemble à un film d’hydrocarbure qui couvrirait toute la surface de l’eau, comme une fine banquise. Vision de cette mer comme un désert bleu. Angoisse.

Malte, la Sardaigne, ultra urbanisées, la Corse, côte rocheuse découpée à l’infini, une fractale minérale sur l’eau bleue.
Arrivés au-dessus des Alpes, on plonge dans les nuages, on y restera jusqu’à la région parisienne.
Maisons de poupées dans un paysage de verts et de bruns reposants. Le désert est oublié.

A Paris, il pleut, il fait froid. Comme d’habitude. Les gens sont agressifs. Une vieille dame se bat, exaspérée, pour passer devant les autres dans la navette.
Gare Montparnasse, il pleut, les foules sortent des trains par vagues, pressées. Beaucoup de salariés qui rentrent chez eux, costumes sombres, cheveux courts. Un homme en gris muraille achète une revue. Hard Rock Magasine. Il la range dans son attaché-case. Est-ce pour lui ?

Annonce d’orage entre Rennes et Le Mans, de retards de trains. Le notre part à l’heure, 21h05. C’est un vieux TGV confortable, wagon de première, quasi vide.
On visite le wagon restaurant, Ronan et moi. Achetons sandwiches et Spinosa. Au Mans, un TGV est arrêté en gare. C’est le train de 20h00. Les gens sont sur les quais, râlent. Le notre s’arrêtera un peu plus loin.

Annonce. Plus de trains entre ici et Rennes, nous sommes détournés sur Nantes.

Arrêt d’une heure en gare de triage, à Nantes, interrompu au bout de cinq minutes. Tant pis pour ceux qui sont descendus, nous repartons au pas en direction de Redon, puis de Rennes, refusons les plateaux repas proposés.
Nous arrivons à 1H30, Aurélie, Matthieu sont là. Couchés à 3h30 heure locale, le voyage aura duré vingt-deux heures.

Le lendemain, debout, frais, prêts pour une journée de courses : Ronan veut un ordinateur.
Leclerc. Achats habituels. 200€ le caddie. Ensuite on tournera, Fnac, Saturn, et c’est moi qui resort, un McBook commandé.

Repas à la crêperie, avec Matthieu et Aurélie. Les crêpes sont bonnes, crêpes du XXIème siècle, riches. Les toutes simples sont cachées. Anne-Marie est fatiguée, mais contente.
Le service n’est pas rapide mais la serveuse agréable. Plaisir de retrouver toutes ces trognes de Bretons, de Bretonnes…

C’est le début de l’hiver

Juste un mot pour dire qu’ici aussi il fait beau, sauf le matin, comme ce matin, plus bas ou le soir, ou des fois la nuit ou parfois aussi dans la journée.
Sans compter le vent, les vagues et le froid : 20° le matin dans la maison, 16°, du vent et du sombre pour aller bosser.

Ce matin, donc, amorce d’arc-en-ciel sur un ciel sombre.

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Arrivé à la mer, il faut choisir, en général à gauche. Ensuite c’est tout droit, en laissant les vagues sur la droite.

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Et voilà mon lieu de travail, après la plage… L’autre jour, j’ai pu observer depuis la fenêtre de mon bureau ce qui ressemble bien à un véritable rideau de pluie.

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Sinon, il y a du vent, bien du vent, l’après-midi. Il y en a qui aiment.

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A dix jours des vacances…

Des nouvelles de la France d’en bas

Fin des vacances ce soir…
Enfin presque. Je suis convoqué à Saint-Denis pour deux semaines de correction du concours de professeur d’école. Et comme c’est pour corriger l’épreuve de mathématiques, je pourrais bien avoir fini dès mercredi, histoire de faire le pont entre l’Ascension et le dimanche 26 mai.
J’ai donc une doublure pour faire travailler mes élèves, et comme je suis quelqu’un de sérieux, je lui ai préparé une liste de petites choses à faire pendant ces deux semaines, lecture et mathématiques surtout. Et cette liste de choses, je suis allé la déposer à l’école ce matin.
On avait bien entendu des vagues cette nuit, mais de la à s’attendre à ce spectacle, on a été servi. A L’Etang-Salé, la villa en bois qu’on avait repéré cet été, une villa les pieds dans l’eau, un portail sur la rue un autre sur la plage, elle avait bien les pieds dans l’eau! Pour de bon. La plage, sable et galets, s’était répandue sur la rue, après avoir traversé les jardins.

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Au retour on s’est arrêté à Saint-Leu pour prendre du pain. Les quais du port étaient encombrés de bateaux que leurs propriétaires cherchaient à sortir. A la maison, le journal de RFO aurait eu un côté comique, s’il n’y avait pas ces deux pêcheurs noyés.

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A L’Hermitage, il n’y a plus ni plage ni rondavelle, à Saint-Pierre, un restaurateur a vu une vague arriver et tous ses clients partir sans payer. A Saint-Paul et à Saint-Gilles, les maires ont vu partir leur front de mer, au large pour le premier, au fond du port pour le second. Le préfet va faire quelque chose. A Saint-Leu, il y avait hier soir un festival de spectacle de rue, ils ont tout arrêté avant la fin. Ce matin, sur la plage, il y avait un type qui dormait encore dans son hamac, entre deux filaos, au-dessus des laisses de mer.

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Après la météorite, le cyclone et le volcan, voilà le tsunami, on s’amuse comme des fous…
En fait de tsunami, c’est de la houle, jusqu’à 11 mètres, qui nous vient des îles Kerguelen.