Derrière la lumière

La vie est douce à Madagascar, le climat agréable, la nature splendide et généreuse. Mais…

Je marche beaucoup dans la ville, par les rues comme par les escaliers qui relient les quartiers entre eux. C’est une ville de collines que je parcours à pieds ou en taxi. Je suis souvent le seul blanc dans une foule colorée. Le moindre recoin, la moindre porte est occupée de petits commerces informels, cigarette à l’unité, recharge téléphonique, beignets, fruits et légumes, vin en vrac, viande de boeuf ou petits poissons séchés, tous les ressources possibles pour survivre sont là, à même le sol ou sur des planches ou des cartons, tous ces commerces qu’on trouve dans une grande ville, et même les plus improbables. C’est pauvre, mais c’est joyeux, c’est vivant, c’est plein d’éclats de voix, d’éclats de rire, c’est coloré, lumineux.

Mais il y a des ombres, de plus en plus d’ombres dans cette ville. Des formes qui dorment sous des couvertures grises, des femmes, des bébés, à même le sol, des vieillards également. Il faut les croiser, les dépasser, ne pas s’arrêter. Un enfant qui joue, avec un bout de plastique et un peu de sable, avec un pot de yaourt l’eau d’un caniveau. Ils sont si nombreux. Je pense à ce bébé, dans un carton, comme dans un parc. Cette jeune fille qui pleurait à gros sanglots, ces familles sous l’orage, un plastique en guise de toit.