Les quarante vierges et le mécréant

L’autre jour, celui de la fin du monde, le Mythe, mon pote de facebook, s’inquiétait de savoir s’il aurait bien ses quarante vierges, au paradis de ses pères…
Un truc qui m’a toujours amusé. Sont-ce des vierges spécialement conçues par son Dieu à son intention, ou bien simplement des défuntes recyclées après qu’elles aient été rafistolées. La question n’est pas anodine, quand on connaît la répartition homme-femme sur notre terre. Il faut compter environ cinquante pour cent de femmes pour autant d’hommes.
Et puis, pour ces dames, Dieu a-t-il pensé à une quarantaine de puceaux? L’équivalent des vierges, somme toute. Mais ce ne serait peut-être pas équitable, au bout du compte. Enfin, je n’en sais rien.
Je me souviens juste de mon collègue. On l’appelait Chevronné. Un instituteur polygame, un Mahorais. Un homme juste, sympathique, craignant Dieu. Je me rappelle sa façon de baisser la voix, levant les yeux au ciel, quand il parlait de ses frasques de jeunesse…

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A l’entendre, à écouter les problèmes qui l’envahissaient, la polygamie institutionnalisée n’avait rien d’un fleuve tranquille. Et puis un jour, il nous a tous fait rire. Il avait trois femmes, le bougre, envahissantes, mais il tenait pourtant à en épouser une quatrième. Qui restait à trouver. Pour assurer son existence au paradis, nous a-t-il confié, pour ne pas rester seul jusqu’à la fin des temps. Parce qu’il n’y croyait pas, lui, aux quarante vierges promises. Parce qu’il croyait qu’il ne vivrait là-haut qu’au côté de la femme qu’il aurait connue vierge…
Or ses trois premières épouses ne l’étaient pas. Il lui fallait donc trouver une quatrième épouse, vierge cette fois, pour éviter la solitude éternelle. C’est à ce moment là que Bouba a parlé de sa soeur, une vieille fille d’une cinquantaine d’années dont il garantissait tant la virginité que la laideur rassurante. Manifestement, à voir la mine navrée de Chevronné, la vierge ne lui convenait guère.
S’il me lit, il en rira encore, Chevronné. Et surtout pas de quiproquo, le mécréant c’est moi.