Hôpital des Quinze-Vingt

Les caisses ouvrent en retard, une queue s’est formée. Un type passe devant tout le monde, en disant moi, c’est une urgence, ma voisine a oublié sa preuve de domiciliation, elle n’a pas sa carte vitale non plus, mais elle a rendez-vous depuis des mois.

Je descends au sous-sol pour mon OCT – imagerie de l’œil – où il n’y a personne. Des secrétaires arrivent, s’enferment. Un petit homme range des dossiers dans un caddy de supermarché.
On s’assoie dans le couloir. Un ordre tombe :
– Vous déposez les convocations ici et vous vous asseyez là.
– Mais ceux qui sont arrivés les premiers passent les derniers, alors?

Je précise à la secrétaire que j’ai une autre convocation, pour une consultation, qu’il faut téléphoner à l’étage pour dire que je suis là, au sous-sol
– Oui, je comprends, mais moi, je ne téléphone pas. Montez le leur dire.
La secrétaire met une deuxième boîte convocation. Question, où met-on nos convocations ?
– Dans la boîte #1, et puis restez assis.

Je monte, on prend note, je suis à l’OCT, mais il faut demander à passer en premier, le docteur de la consultation part en vacances à 10h30.
J’explique, à l’OCT. Je me fais jeter. L’infirmière n’est pas là. Le médecin n’est pas encore arrivé. On me dit de m’asseoir ou de partir à la consultation. La vieille dame qui a peur que je ne lui passe devant va aux toilettes. Elles sont fermées.
– Normal, c’est occupé par le monsieur qui vient de passer, dit la secrétaire.
– Mais il y a une autre porte !
– C’est celle du personnel, madame. Asseyez-vous, en attendant.

Arrive une infirmière, débauchée d’un service à l’étage, qui râle – Ça va gueuler, là-haut ! – qui nous met des gouttes dans les yeux, en espérant la venue d’un médecin.
Et le médecin, enfin. Une gentille dame, qi m’explique qu’elle ne fait que des OCT de la pupille, qu’il me faut un OCT de la cornée, que le spécialiste est en vacances, que l’examen qu’elle va me faire ne sert à rien, mais puisque je suis là…
Résultat, ma pupille est nickel. Normal, elle n’a rien.