Un matin, il y a bien longtemps, du temps que le monde était encore calme, qu’il y avait moins de bruit et davantage de verdure et que les hobbits étaient encore nombreux et prospères, Bilbo Baggins se tenait debout à sa porte après le petit déjeuner, en train de fumer une énorme et longue pipe de bois qui descendait presque jusqu’à ses pieds laineux (et brossés avec soin). Par quelque curieux hasard, vint à passer Gandalf.
C’est ainsi que commence l’histoire de Bilbo le Hobbit. On nous dit qu’il adorait les cartes, et que dans son vestibule en était suspendue une grande représentant tout le Pays d’Alentours, sur laquelle étaient tracées en jaune toutes ses promenades favorites.
Rien ne me fait plus penser à ce Pays d’Alentours que cette région de la Vosge où je traîne mes pieds ces jours-ci. Les noms, sur la carte, magiques, les forges de Thunimon, le bois de la Michotte, la basse des Orges, le Ban St Pierre, le Grand Bois, le Chaudiron, le Pas d’âne, la Tranchée, le Pont des Fées, la Grande Chicotte, Les Trois Fontaines, la Chapelle aux bois, les foins Martin,…
Toute une toponymie étrange… Des visages, aux fenêtres, on ne passe pas inaperçu, les yeux nous suivent, inquisiteurs. A un carrefour, une curieuse croix tressée, un calvaire, un lutin d’osier, aux aguets, comme un insecte prêt à s’envoler, la Croix de l’Enfant Rollot…
C’est sûrement un pays de sortilèges, de sorcières et de guérisseurs. Dans l’air, du bruit, un voisin qui fend du bois pour l’hiver, une vache qui meugle au loin, un oiseau. Toutes les maisons ont un de leurs murs doublé de bûches, stock de bois de chauffage pour l’hiver. A Ronan, on a dit quatre mois de neige et de verglas, au minimum…