Le ciel, qui s’était assombri après le coucher du soleil, est devenu orange.
Toute la voute céleste s’est illuminée.
Et pis ça s’est éteint brusquement et la nuit est revenue.
Toujours les mêmes couchers de soleil, maintenant que l’épisode pluvieux, comme dit pudiquement la météo, est passé. Le bilan est lourd, un mort, emporté par une ravine en crue, le radier du Ouaki emporté par la rivière Saint-Etienne, comme tous les ans depuis que nous sommes à la Réunion, la canne qui pourrit dans les champs et les légumes qui vont voir leur prix exploser. Toujours les mêmes couchers de soleil orangés, alors je lui tourne le dos, encore une fois, à cette étoile toute ronde. Pour y voir une petite case créole cachée entre deux dunes, entre la ravine Ruisseau et la ravine des Sables. Case créole les pieds dans l’eau, le créole pêchant sur les galets devant chez lui.
Deux mois maintenant que j’utilise ce TNI qui se trouvait dans la classe que j’ai investie cette année, et j’en découvre tous les jours des fonctions nouvelles. C’est devenu un outil indispensable, en français, en maths, en histoire, géographie, sciences (plus de problème de documents collectifs) et ce, que ce soit pour travailler collectivement sur des textes, des images, en utilisant le système de superposition ou directement à partir des logiciels du portable (Ooo, Powerpoint, Photoshop,…). C’est la mémoire de la classe, finis les tableaux effacés, on peut tout sauvegarder, revenir au tableau laissé en l’état la veille ou la semaine précédente. C’est aussi un outil de communication avec les familles assez génial. Pendant l’épidémie de grippe A, quand j’avais un quart de la classe absent en permanence, je pouvais envoyer par mail les copies des tableaux pour que les malades restent en contact avec le travail de la classe. Et puis, il y a tous les petits outils, grilles, QCM, puzzles, qu’on peut créer, et surtout mutualiser. Et aussi, – mais était-ce prévu pour cela? – j’ai travaillé sur des extraits du Matilda de Roal Dalh en littérature jeunesse, et j’ai pu projeter le film qui a été tiré du roman directement en classe.
Je ne dirai rien du plaisir qu’il y a faire une partie d’échecs, un Tétris ou un solitaire en grand format au tableau. Seul bémol, j’envisage de travailler soit avec des lunettes de soleil, soit avec une casquette !
Il a tellement plu, ces deux derniers jours, surtout hier, d’ailleurs, que l’heureux acquéreur de ce terrain, situé en plein virage, devra aller le récupérer dans le lagon. La mer était couleur terre ce matin. Moins chanceux, l’inconscient qui a voulu passer un radier à gué avec sa voiture. Il a été emporté par les flots. On a retrouvé sa voiture.
Hier, il a plu. Aujourd’hui, samedi, ce sont des trombes d’eau. Ce matin la maison était dans les nuages, la route bloquée par un torrent entre la ravine Ruisseau et l’Etang-Salé. Une case comme la notre, case encore un peu traditionnelle, un jour comme aujourd’hui, c’est la lutte contre l’eau, les suintements qui deviennent ruisseaux, tout cela dans un boucan d’enfer : les gouttes, sur la tôle du toit font vibrer jusqu’aux murs et au sol.
Il a plu. Enfin ! La végétation était sèche, les feux se multipliaient. Mais qu’est-ce qu’il a plu ! Tonnerre toute la nuit et ce matin alternance d’averses et de trombes d’eau, avec une accalmie en fin de journée. N’y aurait-il plus d’eau dans le ciel ? Le volcan a essayé de se mesurer à l’orage, mais il a vite renoncé, dégouté par la pluie et le vacarme des cieux. A peine commencée, l’éruption était terminée. Photo prise en plein jour, au volant de ma voiture.
En semaine, le lagon de l’Hermitage retrouve son calme. On y croise des pêcheurs à la ligne, des joggers, des retraités achevant de tanner leur vieille peau, mais surtout des enfants. C’est que la plage se transforme en piscine là où les écoliers viennent apprendre à nager. Ici, pas de pédiluve, juste des lignes de bouées qui délimitent un périmètre surveillé par un maître-nageur, et bien sûr des douches. Mais les consignes, les jeux sont les mêmes qu’ailleurs.
Il est situé devant la maison, perdu dans la verdure ,sur un promontoire de lave qui domine la plage de l’Etang-Salé. Entre les tombes, le sable noir, transporté par le vent, donne l’impression d’un cimetière posé sur une dune. C’est un endroit très calme habituellement.
Hier c’était dimanche, c’était la Toussaint, journée de visite des familles aux morts, visite indispensable pour assurer la sérénité des vivants. Novembre, c’est le mois des mauvaises âmes et des zavens, il ne faut pas plaisanter avec ça. Tombes rutilantes, toutes fleuries, parfum entêtant des frangipaniers, l’endroit a retrouvé son calme aujourd’hui.