C’est fini

De retour d’une virée à Saint-Pierre où j’ai accompagné Anne-Marie, je suis allé courir en fin d’après-midi au-dessus de la maison sur une petite route qui serpente entre les champs de canne à sucre, la montagne sur ma droite, l’océan quatre cents mètres plus bas, à gauche. Depuis une semaine, le volcan envoie dans l’air ses gaz plus ou moins nocifs, acide sulfurique au début, qu’on sentait de la maison, puis acide chlorhydrique, quand la lave a commencé à vidanger dans l’océan, et depuis que le cratère sommital s’est effondré, un gros panache de poussières et de cendres tamise le ciel. Ce soir, sur le chemin, le ciel est magnifique, gris argenté, rosé par endroit avec un soleil tout rond, rouge sang, bien loin de se coucher encore. L’océan comme un miroir zébré par la houle.

Joli mais terrible aussi comme un phénomène naturel peut être destructif pour l’environnement : pluies acides, pluie de cendres, derniers vestiges de la forêt de bois de couleur détruits par la lave et le feu, eau impropre à la consommation dans le sud, fourrage dangereux pour les vaches, poissons de fond crevés par centaines… Depuis une semaine, mes yeux me brûlent et pleurent. Ce soir, les infos sont rassurantes, l’éruption s’est arrêtée dans l’après-midi, aussi soudainement qu’elle avait commencé. Il était temps.

Le soleil s’était couché lorsque je suis arrivé à la maison, pas de photos donc.