Où peut-on acheter un fauteuil de cinéma

Des objets inattendus…
Des raclettes à givre dans un discount, tout un rayon. On peut les utiliser pour enlever les moustiques du pare-brise dira le vendeur, questionné sur la pertinence de l’article sous les tropiques.
Dans un hangar multifonctions3, électroménager, informatique, vaisselle, mobilier, bazar, etc… Un fauteuil de cinéma, un vrai, abattant, accoudoirs, en velours rouge, avec quatre trous pour le fixer au sol. Le même qu’au Royal, à Hyères, dans les années soixante-dix.
Il faut savoir qu’il n’y a pas encore de cinéma à Mayotte…
Et dans le fauteuil, le vendeur de télé et une vendeuse mobilier qui l’écoute, debout. Il lui raconte son réveillon, me prend à témoin (j’attends une pièce d’ordinateur qu’on est allé me chercher au magasin). C’est une culture orale, difficile de leur apprendre à lire, mais quel plaisir de les écouter. D’autant qu’il parle un français parfait.
Il connaissait le restaurateur. Il avait été alléché par le menu, un méchoui, et le fait que la réservation soit obligatoire ( 5€ par personne, 15€ pour un couple ! ). Il y est allé, avec sa femme. Difficile à raconter, j’ai envie de le remettre à la première personne, comme j’ai cru l’entendre.
Quelques bribes :
“Au début c’était bien. Juste quelques trucs, mais pas graves. J’étais avec ma femme, on était là pour s’amuser, je n’allais pas faire d’histoires, quand même. Surtout que Bob, le patron, nous avait accueilli personnellement. Le problème, c’est qu’il a accueilli tout le monde personnellement et qu’on ne l’a plus vu après. Il nous a confié à Saïd, le serveur. Mais Saïd, il est plus lent qu’un corse. ” Et le voilà qui se lève, marche à la Chuck Berry, le plateau dans une main, tout en langueur…” Du coup, c’est un autre qui nous a servi, parce qu’on attendait toujours…”
“On nous a apporté la viande. Bon, on est dans une île, tu vois, on n’est pas difficile, on sait ce que c’est. Pour un méchoui, on pensait qu’il aurait fait comme nous, qu’il aurait tué quelques cabris. Mais non, il nous a servi de l’échine de mouton achetée congelée. Deux morceaux d’os, un bout de gras long comme ça ! ( imaginez la taille de son bras). Avec une fourchette en plastique transparent, et un couteau pareil, et tu me crois ou non, servis dans une assiette en papier.”
A la cliente qui le dérange : “Amboudi, viens voir ! La dame, elle veut un renseignement ! Allez là bas, madame, je parle moi !” dit-il en levant les yeux au ciel. “On n’est pas des africains, qu’il rajoute, on allait quand même pas manger avec les doigts ! Et il y en a une qui s’est mis à réclamer des couverts en inox. On nous en a donné, mais après, l’assiette en papier toute trempée n’a pas résisté aux couteaux…”
Ma pièce est arrivée et je suis parti. Je ne saurais jamais la fin, il parlait du punch quand on est sorti.

conteur-0ad4dConteur

La photo, c’est un autre, un pêcheur croisé sur une plage, qui a cherché à nous vendre des coquillages, coquillages qu’il nous donnait au fur et à mesure qu’il les montrait et qui nous a raconté combien la vie était dur quand il ne ramenait rien et combien les Anjouannais étaient des voleurs et depuis si longtemps, nous parlant de ce cheik qui avait volé les décors en bois sculptés de la mosquée de Mtsangamouji, au début du XIXème siècle.
On n’a pas tout compris.